Poznan suite

 Ceux qui espèrent trouver ici de l'aventure et des hauts faits d'explorateurs seront vite déçus, la péripétie du jour consistant à me faire piquer par un taon et le cri de jeune pucelle allant avec lors de notre marche dans le parc national Wielkopolski est difficile à rendre plus épique qu'elle ne l'est.

De toute façon, comme le disait Eleanor Roosevelt "les grands esprits discutent des idées; les esprits moyens discutent des événements; les petits esprits discutent des gens". Donc jouons dans la cour des grands et parlons de la jalousie.

J'estimerais celle de Julie à 7/10, elle se donne un 3. Malgré ce désaccord, nous avons un arrangement tacite : je peux avoir tous les crush (un béguin dans le jargon des ados) que je veux tant que ceux ci sont temporaires. Voici donc une sélection évidemment très incomplète de ces derniers jours.

Un matin nous sommes allés de bonne heure à la piscine BIOTOP, qui utilise une technologie vendue comme révolutionnaire consistant à filtrer l'eau du parc BIOTOP d'à côté pour ne pas utiliser de chlore ou autre produits. Etant les premiers baigneurs nous commençons par chasser un peu les familles de canards y ayant passé la nuit, et une fois dans l'eau nous rendons compte qu'elle est plus épaisse et verdâtre que les marais de Champs-Pittet. 
Nous prenons bien garde à ne pas boire la tasse, mais voici qu'un gamin et son accompagnatrice nous rejoignent. Il patauge si fort qu'il nous asperge continuellement de ce jus de compost, sous le regard et les sourires gênés de la demoiselle. Ces sourires devenant insistants, je finis bien sûr par tomber sous le charme et prends soin de rentrer le ventre et de contracter les abdos en sortant du bassin.

A la caisse d'un supermarché une caissière au look kawaii nous a tipé le tofu. Elle réajustait son style régulièrement et j'en ai convenu qu'elle était sensible au soin que j'avais mis à choisir la liquette allant le mieux avec mon short en coton, tandis que Julie estimait qu'elle se savait juste être regardée, sans se soucier par qui. 
Lorsque nous y sommes revenus le lendemain et qu'en toute bonne foi, ayant choisi la caisse avec le moins d'attente nous retombons sur elle, Julie m'adresse un sourire de connivence et un petit "t'as bien choisi ta caisse hein ?". En sortant nous nous mettons d'accord que c'est grâce à ces visages familiers et ces routines que nous obtenons, un tant soit peu, l'impression de vivre ces villes de passage.

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Avant mon arrivée en Pologne je ne crois avoir eu d'échanges qu'avec 3 polonais. 

Le premier, avec qui j'ai passé quelques jours en Albanie en 2016, parlait souvent de la crise migratoire en cours et me jurait que chez lui ça ne se passerait pas comme ça, qu'il irait bénévolement fusil à la main défendre ses frontières.

Le second, en ligne, s'est donné le rôle d'être mon tuteur d'apprentissage du japonais. Sa méthode personnelle consiste en une alimentation riche en nutriments mais sans pesticides, et de s'exposer au moins 10 heures par jour à du contenu japonais. Il m'a copieusement insulté pour ne pas avoir directement vu la différence entre 六匹 et 六四.

La troisième, par l'intermédiaire de mon grand-père dont elle est voisine, assure en gros que les Polonais ne sont pas racistes, sauf en fait quand il s'agit des étrangers.

J'avais donc de sacrées attentes mais pour l'instant c'est un peu décevant : ils sont tout à fait normaux.



Commentaires

  1. Et quelle est la proportion de rousses flamboyantes en Pologne ?

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  2. Et, j'ai une pensée pour Julie de t'avoir comme compagnon de voyage et plus encore.

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  3. 六四 n’existe pas. Et si tu insistes, gare à ton prochain visa pour la Chine…

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